18/05/12

O silêncio e o enigma


 Já o mencionei aqui várias vezes. No resto da Europa a situação social em Portugal é passada em claro pelos meios ditos de «comunicação», nas intervenções políticas, relatórios, estudos e estatísticas. Como se este país não existisse, como se os que são aqui vítimas das políticas capitalistas já tivessem desaparecido, sumido, da face da terra. O que, já por si, é uma forma ideológica de resolver o problema destas sociedades da periferia da Europa que, após terem sido bem espremidas, perderam momentaneamente o interesse para a classe capitalista. Raramente se chama a atenção para o facto de a Europa «à rasca» não ser apenas constituída pela Grécia, Itália, Irlanda e Espanha. Pouco ou nada se diz das feridas e dos sofrimentos do povo que vive nesta extremidade ocidental da Europa. O que explica e autoriza este arrogante silêncio é a resignação, é a passividade e a fatalidade com que este mesmo povo aceita a porrada que lhe é dada pelos que são responsáveis pelo sistema e pelas suas dificuldades intrínsecas. Quanto mais o agridem, mais o bom povo português dá sinais de simpatia e de submissão! Aos políticos da casa também agrada este silêncio. O país cultiva o low profile, o não fazer ondas, tentar passar entre os pingos da chuva.
Nunca será demais insistir, a preocupação dos capitalistas europeus e dos seus funcionários da «comunicação», só se manifestará no dia em que a revolta estalar nas ruas e nos centros comerciais, no que sobra de fábricas, escritórios e bancos. As exceções confirmam a regra. No Le Monde de 16 de maio, podem ler-se dois artigos sobre «Portugal face ao quotidiano da austeridade». Num primeiro texto o jornalista descobre a destruição programada do Serviço Nacional de Saúde, admira a imaginação empresarial de um governo que transformou por decreto os doentes em «clientes». Um outro jornalista lamenta a crise do cinema português e as dificuldades dos realizadores, lembrando que o país está cheio de talentos desaproveitados. Quando o homem fala de talentos, não esta a pensar nos pescadores de Peniche, nas operárias do têxtil do Vale do Ave, nos desempregados que andam aos caídos nas ruas da Amadora, nem tão pouco nos jovens carteiristas da linha do 28 em Lisboa. Menos ainda, na gente do bairro da Fontinha no Porto. Não, não ! Ele refere-se apenas aos realizadores, produtores de cinema e afins, nobres ofícios à espera de subsídios do Estado que não virão mais...

Parece, assim, necessário levantar um pouco o véu do silêncio e integrar o desastre lusitano no conjunto da crise europeia. Abordar a incontornável questão geral da resignação face ao ataque capitalista. A sua especificidade portuguesa. Dar alguma visibilidade concreta ao povo que encarna os velhos valores da fatalidade e da culpabilidade do Santo Ofício, que são hoje sinais de modernidade. «Se sofremos, se nos batem, é porque somos culpados», com o não menos atual corolário «Enquanto o pau vai e vem, folgam as costas ». Mas, sobretudo, dar a conhecer os poucos que rejeitam esta cultura de submissão para enfrentar os senhores do poder, para dizer Não. Porque são estes que, pelas suas ações, poderão começar a dar uma resposta ao enigma da resignação nestas terras onde começa o mar. Porque só atos e acontecimentos conducentes a uma causa em devir podem fazer alterar os contornos do possível. É através do seu poder de persuasão que a resignação portuguesa será negada, será abalada.

Tal é o tema do artigo, «Le cauchemar éveillé du peuple portugais», publicado em Paris na revista em linha Article 11 (www.article11.info). O que está escrito será provavelmente do conhecimento de muitos dos leitores do «Vias de facto»… Mas nunca lhes fará mal recapitularem mentalmente a matéria dada, como dizia o meu professor de matemática do liceu Gil Vicente, que o diabo tenha em paz. O texto vai em francês; embora a língua tenha caído em desuso, talvez alguns leitores a conheçam ainda…

Começa com a frase do Mario Cezariny, «Nós fizemos uma revolução, mas não explodimos, implodimos. E andamos sempre clandestinos »...

Le 18 avril 2012, une troupe de mercenaires de l’Etat portugais, armée jusqu’aux dents, a bouclé un vieux quartier populaire du centre de Porto. L’objectif était d’investir une école abandonnée, occupée depuis quelques mois par des jeunes et des habitants qu’il s’agissait donc de déloger. Ce lieu, laissé à l’abandon par les autorités, avait été transformé en un centre social, aux activités multiples allant de l’enseignement à des activités culturelles et sportives. Une vie associative y avait remplacé le no future quotidien, chassé l’activité autodestructrice de l’économie de la drogue. Ce qui dérangeait l’ordre capitaliste, c’était que cet enthousiasme se réclamait des principes de l’autogestion, mélangeait de jeunes activistes avec des jeunes et des moins jeunes habitants du quartier. Le même jour, à quelques milliers de kilomètres de l’école do Alto da Fontinha, le très propre sur lui ministre des finances du gouvernement portugais, Monsieur Vitor Gaspar, se trouvait à Washington DC. Devant les chefs du FMI, cet individu a joué un numéro rampant de pénitence, « Dans mon pays, les gens sont totalement disposées à se sacrifier et à travailler plus afin que le programme d’ajustement soit un succès, du moment que l’effort est reparti de façon juste ». Monsieur Gaspar est un technocrate ennuyeux, froid et gris issu du monde universitaire, choisi pour sa prétendue indépendance vis-à-vis des appareils politiques. Certains Portugais, qui compensent souvent leur résignation par un sens aigu de l’humour, l’ont nommé Gaspalazar, en souvenir d’un de ses sinistres prédécesseurs qui après avoir mis les comptes de la boutique à jour s’est violemment accroché à l’Histoire (1). Et l’anecdote dit que ce maudit individu, lorsqu’il donne une pièce à un mendiant dans la rue exige de lui un reçu ! Ces événements, qui se sont télescopés par hasard dans le spectacle médiatique, sont, chacun à leur manière, exemplaires de deux tendances qui traversent la société portugaise en ces temps de crise. D’un côté, la radicalisation d’une minorité qui, pour la première fois depuis les années de la révolution portugaise de 1974-1975, prend en mains la nécessité de construire des alternatives à la morbidité du déterminisme économique. Des jeunes précarisés, mais aussi des personnes des classes populaires, fatiguées des sacrifices mentionnés par Gaspalazar, chez qui l’épuisement de la patience lusitanienne fait place à une sourde haine envers les puissants. De l’autre côté, l’attitude servile de Gaspalazar traduit la bassesse de la bourgeoisie portugaise face aux seigneurs du monde financier. En toile de fond de ces deux histoires, défile le paysage d’une société dévastée par les mesures de récession.

Il paraît de plus en plus évident que le mouvement de la démocratie de notre époque se réduit à l’alternance entre deux courants politiques siamois au sommet de l’Etat, soumis à une même logique économique. Au Portugal aussi, le fait électoral n’est plus un choix mais un rejet. Aux affaires pendant de longues années, le parti socialiste fut ainsi chassé au profit de son clone de droite, le parti social démocrate. Après avoir appliqué les premières mesures d’austérité dictées par la Troïka en échange du premier prêt de sauvetage (2), les socialistes furent confrontés à une contestation inattendue. Le 12 mars 2011, des centaines de milliers de personnes descendent dans les rues des grandes villes à l’appel d’un collectif informel de jeunes précaires. Paradoxalement, et alors que la passivité sociale est un des traits marquants de la société portugaise, le mouvement dit 12M sera le premier d’une longue liste de mouvements, allant du 15M en Espagne, aux Indignés grecs et israéliens, et aux Américains de Occupy Wall Street. Se démarquant des messes traditionnelles de l’archaïque parti communiste portugais et de sa centrale syndicale, la CGTP, ces manifestations vont exprimer une contestation moderne du système, un rejet de la corruption du monde politique, un questionnement sur les conséquences sociales de l’économie de profit et de la nature autoritaire du système représentatif. Au contraire des autres mouvements de ce type, le 12M fut sans lendemain. Son esprit était marqué par la frustration et la désillusion d’une jeunesse qui s’accrochait encore à l’idée de la « réussite », caractérisée par le statut social et un niveau de consommation conséquent. Les mobilisations du 12M annonçaient néanmoins la suite des évènements. Croûlant sous des affaires de spéculation et de corruption, abandonné par des centaines de milliers d’électeurs qui avaient rejoint le grand parti des abstentionnistes, le PS ne put éviter la débâcle aux élections. Puis, selon un rite bien rodé partout, les nouveaux escrocs arrivés au pouvoir, entreprirent de poursuivre dans la même voie. Comme ce fut le cas plus tard chez les voisins espagnols, ils mirent les bouchées doubles et un remède de cheval fut imposé à l’ensemble de la société portugaise.

Exception faite de la Grèce, c’est sans doute au Portugal que l’ampleur de l’austérité est la plus violente en Europe. Dès le premier train de mesures le gouvernement annonce la couleur. Dans la fonction publique, on supprime deux salaires sur l’année (3) et deux versements mensuels dans les pensions de retraite. Dans le secteur privé, le temps légal de travail est augmenté d’une demi heure par jour. La TVA est généralisée au taux maximum de 23%, les transports, le téléphone, les péages d’autoroute, l’eau et l’électricité, subissent des augmentations successives allant jusqu’à 30%, les impôts sur le logement sont revus à la hausse, le ticket modérateur dans la santé est multiplié par deux, les nouvelles conditions d’attribution des allocations d’aide aux plus pauvres (RMI local et autres aides sociales), sont rendues sélectives et leurs montants réduits.
A peine quelques mois plus tard, début 2012, un deuxième train de mesures s’abat sur une population abasourdie. Cette fois-ci, c’est le Code du travail qui est « assoupli », comme ils disent… Le nombre de jours travaillés dans l’année est augmenté d’une semaine (4), le taux de majoration des heures supplémentaires est réduit de moitié, le licenciement est facilité pour cause d’« inadaptation » au poste de travail (5), toute absence collée à un jour férié est pénalisée par le non payement du jour férié, la prime de licenciement est réduite d’un tiers, le droit aux allocations suite à licenciement est fortement réduit, les conventions collectives par branche ou secteur sont remplacées par des accords d’entreprise, enfin, le droit de regard de l’Inspection du travail sur les entreprise est réduit à la portion congrue. La liste infernale des mesures d’austérité paraît interminable et s’allonge chaque jour qui passe…

On peut facilement imaginer les conséquences sociales d’une telle attaque capitaliste dans une des sociétés les plus pauvres d’Europe occidentale, où le niveau de vie était déjà bas et les salaires presque la moitié de ceux de l’Espagne. D’après les spécialistes de la statistique, l’augmentation de l’inégalité sociale est actuellement au Portugal une des plus élevés en Europe. Elle avait doublé entre 1996 et 2006 et depuis, elle augmente 5 fois plus vite que dans le reste de la communauté européenne. Le Portugal est le pays où les mesures d’austérité pèsent le plus sur les plus pauvres, encore plus qu’en Grèce, loin devant l’Estonie et l’Irlande (6). Il va sans dire, qu’en même temps la concentration de la richesse s’accélère dans le pays et cela depuis le début des années 80. Il s’agit là d’un double mouvement qui suit la tendance générale des sociétés capitalistes contemporaines et qui, dans le cas spécifique du Portugal, correspond à la période démocratique post Révolution des œillets. Encore un argument à prendre en compte dans la réflexion sur le contenu inégalitaire de la démocratie parlementaire moderne (7).
Les premières victimes de la croissance rapide des inégalités et de l’appauvrissement social sont les vieux retraités ou pensionnés, les femmes et les jeunes travailleurs, diplômés ou non (8). Pour mieux comprendre ce que Gaspalazar appelle « les sacrifices acceptés », dressons une nouvelle liste des malheurs. Début 2012, le taux de chômage officiel est de 25%, mais chez les moins de 25, ans il dépasse déjà les 35%. L’effondrement total du secteur du bâtiment et le ralentissement de celui du tourisme, qui tiraient tant soit peu la faible économie du pays, jettent sur le carreau tous les mois des dizaines de milliers de nouveaux chômeurs. Les petites entreprises et commerces ferment à un rythme soutenu. Rien que dans le bâtiment, 10 entreprises font faillite chaque jour. A peine la moitié des chômeurs inscrits reçoivent une maigre indemnisation. 60% des jeunes qui travaillent (un demi million)  sont en situation de précarité. Près de 400 000 travailleurs (surtout des jeunes et des femmes) reçoivent 400 euros par mois (le salaire minimum) et vivent dans la pauvreté. Dans les zones urbaines, la pauvreté s’accroît exponentiellement. En 2011, sept mille familles ont rendu leurs logements aux banques, incapables de payer leurs crédits ; les organisations caritatives et les soupes populaires sont débordées d’appels à l’aide qui doublent d’année en année.
Entre-temps le secteur bancaire – qui constitue désormais le noyau de la classe capitaliste portugaise – impliqué, comme partout ailleurs, dans la spéculation financière et immobilière avec son cortège de corruptions, continue à être  renfloué par l’Etat, « assaini » disent-ils…

Certains esprits affligés n’hésitent pas à envisager la disparition à court terme du vieux pays. Le Portugal est en effet un endroit où le nombre de personnes âgées ne cesse de croître alors même que la natalité continue à baisser. Sur 10 millions de personnes, deux millions ont dépassé les 65 ans. Ce qui est visible dans les quartiers populaires des villes, l’est encore plus dans l’arrière-pays, peuplé de vieilles personnes. Alors que dans la communauté européenne, 35% des agriculteurs ont en moyenne plus de 65 ans, au Portugal le pourcentage monte à 50%.  La moyenne des pensions de retraite étant de 373 euros, beaucoup de retraités continuent de travailler pour pouvoir survivre. Car il ne suffit pas d’être âgé, il faut le mériter. Ceux qui décrochent risquent d’être victimes d’une sorte d’euthanasie sociale qui ne dit pas son nom. Abandonnés, isolés, sans moyen pour se déplacer, vivant dans des conditions souvent insalubres, nombreux sont ceux qui disparaissent. Plusieurs faits divers morbides récents, à Lisbonne et à Porto, montrent que les effets de la crise sont pour beaucoup dans la hausse soudaine du taux de mortalité des personnes âgées. Dans le pays profond, la situation est encore plus dramatique. A quelques dizaines de kilomètres de Lisbonne, les centres de santé ferment ou manquent de tout et c’est avec difficulté que quelques médecins, souvent immigrés, soignent une population âgée et démunie. Le docteur Denis Pizhin, Ukrainien, travaille dans le centre de santé de Odemira, petite bourgade située entre l’Alentejo et l’Algarve, dans une des régions répertoriées parmi les plus pauvres de l’Union européenne, où  un tiers de la population a un revenu de 10 euros par jour (9). Denis, gagne 15 euros de l’heure, voit 60 à 70 personnes par jour,  et c’est souvent qu’il manque de sérum… « Ici c’est l’Afrique ! », dit-il, dans un propos désabusé (10). 
Pourtant, si les vieilles personnes vont mal, les jeunes ne vont pas bien du tout. Et on assiste à un bien curieux phénomène. Depuis quelques années, plus de 60% des jeunes restent, ou reviennent, chez leurs parents. Le mouvement touche même des « jeunes » de 30, 40 ans…qui se trouvent au chômage et rappliquent chez les anciens, avec toute la famille. Un étrange pays où les vieux deviennent le soutien d’une jeunesse à la dérive, précarisée, où les vieux sont l’avenir des jeunes !
Quand les jeunes Portugais ne peuvent pas compter sur leurs parents, ils s’accrochent au vieux réflexe de l’émigration qui est une deuxième nature chez les Portugais. Fin 2011, le gouvernement lui-même admet que plus de 100 000 personnes ont émigré dans l’année, mouvement qui se poursuit et s’élargit depuis une bonne dizaine d’années — vers l’Europe (de l’Angleterre à la Hollande, de la Norvège à la Suisse) mais aussi vers les anciennes colonies, l’Angola en particulier. La composition de l’émigration est aujourd’hui différente de celle des années 60. Entre les 35 et les 50 ans, l’émigration continue à toucher surtout les couches populaires traditionnelles. Chez les jeunes scolarisés, avec une qualification, c’est une tendance nouvelle. Une revue à grand tirage - qui s’adresse à un public de la classe moyenne – a sondé ses lecteurs, « Quelle est la meilleure solution pour faire face à la crise ? ». 56% répondent « Moins dépenser », 26% répondent « Emigrer » (11). Or, si les grèves générales bureaucratiques lancées par les vieux syndicats se révèlent impuissantes face à la machine implacable des mesures capitalistes, de la même façon l’émigration, réaction ancestrale à la pauvreté, n’est plus une solution aujourd’hui. Elle est même un nouveau problème. Car ces mouvements de départ se font dans une situation tout à fait nouvelle, les migrants débarquant dans des sociétés où le marché du travail s’est effondré. Les situations de détresse se généralisent, alors que des familles avec des enfants se retrouvent à vivre dans la rue et finissent par échouer dans les services consulaires débordés. A la violence de la situation vient s’ajouter la dissolution des solidarités de l’ancienne émigration. Des comportements de rejet des nouveaux arrivants se généralisent, et l’on signale des situations de quasi esclavage au profit de « compatriotes » intéressés. Ces horreurs sont quotidiennement décrites dans la presse sans que pour autant le mouvement s’arrête. Car la soif de survie est telle que chacun pense pouvoir se débrouiller tout seul alors que la seule chance serait l’entraide et la lutte collective.

Comme l’Irlande, la Grèce, l’Espagne et bientôt d’autres sociétés européennes, le Portugal vit les conséquences de la politique économique dominante. Dont l’idéologie sous-jacente est celle du capitalisme du « laisser faire ». Il s’agit, du moins en paroles, de revenir à une situation d’intervention minimale de l’Etat dans l’économie, alors même que l’interventionnisme de l’Etat dans l’économie n’a cessé de croître depuis la Deuxième guerre mondiale. Ces politiques agissent avant tout sur le marché du travail, limitent la part du salaire social, réduisent les salaires, augmentent l’intensité du travail, le tout dans le but d’accroître la productivité et d’augmenter la masse du profit. Car, pour que l’investissement capitaliste retrouve ses marques, il faut restaurer la rentabilité de la production dans son ensemble, modifier le rapport entre la masse de profit et la masse de capital. C’est pourquoi nous assistons à un double processus de dévaluation, celui de la force de travail et celui du capital lui-même. Dans le petit laboratoire portugais, c’est également cet objectif qui guide les actions de Gaspalazar & C°, sous le regard attentif de la Troïka. D’où les faillites, la concentration et la destruction des secteurs les plus faibles du capitalisme local, d’où l’austérité des salaires, l’appauvrissement de la grande majorité de la population. Pourtant, avant que cette politique ne soit mise en œuvre, le coût moyen horaire de la main-d’œuvre était déjà au Portugal inférieur à la moitié de la moyenne européenne, un des plus bas (12). Faut-il instaurer des formes d’esclavage ou de travail obligatoire pour que les capitalistes trouvent leur compte (13) ? Autant dire que, dans le petit pays constituant une portion réduite du capitalisme européen, de telles mesures de récession ne relancent pas grand chose, car il y a peu à relancer. En attendant, les politiques de dévaluation détruisent les liens sociaux, accentuent les antagonismes de classe. Plus grave pour le système, c’est l’ancien modèle démocratique fondé sur le consensus de la croissance qui s’effrite. D’où le continuel rafistolage à l’aide de mesures autoritaires. Evidemment, l’évolution du désastre est plus visible dans les sociétés pauvres et fragiles de la périphérie, comme le Portugal. Le chômage augmente en même temps que le déficit public, puisque le financement de l’Etat (même avec des charges sociales réduites) est chaque jour plus compromis par la récession et l’affaiblissement des recettes fiscales. Et le financement de sa dette et du service de la dette de plus en plus difficile. La soi-disant « science économique » patauge dans l’incohérence. On explique inlassablement que la réduction de la dette publique passe par l’austérité et la baisse du coût du travail, mais ce qu’on constate, c’est l’effondrement de la production. A la réduction de la demande induite par l’Etat (par le soutien à la production et à la consommation privée) vient s’ajouter la spirale de la récession. Au point que, ici et là, des voix commencent à exprimer des doutes sur l’efficacité des  « politiques de lutte contre les déficits ». « On est en droit de s’interroger sur le bon sens de cette logique [la rigueur pour sortir du cycle infernal de l’endettement] » et de « l’overdose de rigueur » qui ouvre portes et fenêtres à la crise sociale dans les sociétés (14).

L’examen de la situation actuelle à travers le prisme des limites de l’économie mixte moderne prouve que toute baisse de l’intervention d’Etat a inévitablement pour conséquence de contracter l’activité économique. On a là la preuve que c’est bien la faiblesse de l’économie fondée sur la propriété privée, sa faible rentabilité, qui caractérise le capitalisme mûr dont parlait Keynes. Que l’action de l’Etat en tant qu’acteur économique n’est pas la cause des problèmes du capitalisme privé mais sa conséquence. Que la faiblesse de la production privée de profit est à la fois l’origine et l’obstacle à la réduction de la dette accumulée. Que faute d’une intervention d’Etat sur la demande globale, on revient à une situation de crise permanente dont le capitalisme privé n’a pas les moyens de sortir, sauf par des moyens barbares comme ce fut le cas lors de la Deuxième guerre mondiale.
Quoi qu’il en soit, Gaspalazar et consorts restent imperméables au doute. Formés dans la Confrérie Druidique du libéralisme, ces personnages suivent béatement l’orthodoxie monétariste du moment. Leur froideur va souvent de pair avec un cynisme de classe. A ce propos, il est instructif de s’attarder brièvement sur une récente interview de deux hauts fonctionnaires du FMI, placés à Lisbonne pour « accompagner » les mesures d’appauvrissement de la population. (15). Le Brésilien Marques Souto et l’Autrichien Albert Jaeger ont finalement un quotidien banal proche de celui d’un commissaire de police. Sans état d’âme, ils doivent lire les journaux, surveiller ce qui se passe, contrôler Gaspalazar & C°, faire des rapports, informer les chefs du FMI à Washington. Grassement rémunérés, Monsieur Souto et Monsieur Jaeger, sont de bons pères de famille, aiment leurs enfants qui vont dans des écoles privées, vivent dans des beaux quartiers avec vue sur la mer et aiment la bonne chère. Délaissant leur froideur économique, sans craindre l’indécence, ils se laissent même aller à des compliments sur la douceur de la vie locale, « A Washington, même si on est proche de l’océan, les fruits de mer et le poisson ne sont pas aussi frais qu’ici ». Comme quoi il y a aussi du bonheur dans la récession !

Lorsque, fin mars 2012, on apprend la réalisation à Porto d’une rencontre sur « Le sommeil, le rêve et la société », on a pu croire à une action d’éclat, fort opportune, des surréalistes portugais (16). Malheureusement, il ne s’agissait que d’un banal colloque éminemment scientifique de neurologistes et affinitaires, pas du tout intéressés par le pouvoir subversif et utopique du rêve. Dans une des communications, une neurologiste « admet » (17) que l’intensité du quotidien, aggravé par les effets de la crise, trouble le sommeil des Portugais. Selon elle, la moitié de la population dort mal et 20% souffre même d’insomnies à répétition. Les enfants et les jeunes sont, parait-il, particulièrement touchés par ces troubles du sommeil. Fallait-il un colloque pour en arriver là ? La lecture de tout ce qui précède suffirait amplement pour en conclure que la majorité du peuple portugais vit un cauchemar les yeux ouverts.

On affleure là, la question qui taraude plus d’un. Comment et pourquoi une société ainsi attaquée, avec une violence si mortifère, se résigne-t-elle à ce point? Comment se laisse-t-elle mourir sans résistance, sans réaction ? Miguel de Unamuno écrivait, « Le Portugal est un peuple de suicides, peut-être un peuple suicidaire. Pour lui la vie n’a pas de sens transcendantal. Certes, il désire vivre, mais pour quoi faire ? Plutôt ne pas vivre. » (18). Un siècle plus tard, malgré les transformations de la société, la réflexion est toujours d’actualité.
Pourtant, en apparence, la société portugaise fonctionne selon les normes du monde moderne. Comme dans toute démocratie représentative, les syndicats existent, opinent, prennent position, sont reconnus et manifestent leurs accords et désaccords. Depuis que le pays est renvoyé vers les abîmes de la récession, les grèves générales se succèdent. Ce qui paraissait au début un signe de réveil s’est vite révélé une manifestation supplémentaire d’immobilisme, renforçant même le fatalisme, tant ces cérémonies ternes sont en deçà de la violence de l’attaque capitaliste. Lorsque, en Espagne, les appareils syndicaux furent forcés d’aller à la grève générale d’un jour le 11 mars 2012, des secteurs enragées de la base syndicale ne se sont pas limités à ne pas travailler mais ont tenté de bloquer l’économie, formant des piquets de grève, bloquant ici et là les centres commerciaux. Dix jours plus tard, au Portugal, la centrale syndicale liée au PCP, la CGTP, programme elle aussi « sa » grève générale pour protester contre le démantèlement du Code du travail. Aucun exemple de grève active ne fut signalé, mais on assista au contraire à un exercice de mobilisation bureaucratique, suivi passivement, bien contrôlé par un appareil qui veut avant tout mesurer sa force pour garder sa capacité d’interlocuteur avec le pouvoir politique. On accepte la grève plus qu’on ne la fait, on reste chez soi et on regarde le match à la télé... L’état amorphe du syndicalisme portugais est à la fois un des facteurs de la passivité sociale et son expression (19). Déjà le 24 novembre 2011, lors de la précédente « grève générale », le  chef d’alors de la CGTP (20), avait exposé à un journaliste son étrange conception de la résistance à l’attaque capitaliste. « Il faut que le peuple se mobilise. Une alternative est possible (…) Le pays est en train de tomber dans le précipice, le gouvernement va nous faire chuter de 50 mètres. Nous voulons limiter l’impact à 20 mètres. » (21).
Les grèves à répétition de moins en moins suivies traduisent l’incapacité des syndicats à trouver des formes d’action et une dynamique adaptée à la situation nouvelle. Car la crise a redéfini « l’attitude réaliste » et les contours du « possible », qui constituent les paramètres du syndicalisme intégrateur. L’impuissance remplace la pratique des concessions négociées lors des périodes de croissance. Face à la violence de la classe dirigeante, il ne reste alors que la rhétorique incantatoire et vide de sens des slogans de la CGTP, « Lutter contre l’exploitation ! » «  En finir avec la crise ! », agrémentés de vieux slogans sortis des archives staliniennes : « Le travail, c’est le progrès!».
Si un nombre important de travailleurs portugais continue de suivre les tristes cortèges syndicaux qui les mènent à l’abattoir, la nécessité de mener des combats plus offensifs est sans doute consciente chez certains. Le jour qui a précédé la grève générale du 21 mars 2012, le lecteur attentif découvrait, dans la presse portugaise, une action directe menée par des salariés. Trois ouvriers (dont un Ukrainien) occupèrent pendant toute une journée les grues d’un chantier routier, afin d’exiger le payement de salaires en retard, cela jusqu’à obtention de satisfaction (22). La courte dépêche ajoute que c’est la deuxième fois qu’une action de ce type se produit sur le même chantier. Malgré son caractère isolé et ponctuel, le micro événement - victorieux et qui plus est internationaliste – donne une direction et se démarque des molles protestations bureaucratiques.

L’appareil syndical est, lui même, conscient de l’impasse dans laquelle il se trouve et craint les débordements. Cela explique son attitude prudente vis-à-vis de la jeunesse précarisée qui donne de la voix. Cet éveil, qui s’est confirmé depuis la grande mobilisation du M12 de mars 2011, constitue sans doute l’élément nouveau le plus prometteur des années récentes au Portugal. A Porto, Lisbonne et Setubal, des centres sociaux, lieux de débats et d’activités se sont ouverts. Les anciennes traditions d’association, d’entraide et de vie communautaire ont refait surface, des activités collectives autogérées, lieux de vie et d’échange, jardins partagés, se multiplient. Le fort courant d’émigration chez cette jeunesse précaire crée des contacts et des liens, avec Barcelone, Amsterdam, Zurich, Londres. Un milieu éclaté cherche à l’unisson une façon de vivre hors de l’atmosphère mortifère de la société, et devient un pôle d’attraction pour la jeunesse révoltée. L’école occupée d’ Alto da Fontinha à Porto en est devenu le symbole. Ces dernières années, un bloc anti-capitaliste a fait son apparition dans la rue lors des manifestations, regroupant de petits groupes libertaires et radicaux, des groupes de précaires et des isolés se réclamant du mouvement des Indignés. Cernée par une police aux aguets, cette jeunesse radicalisée doit aussi s’affronter au service d’ordre syndical qui cherche continuellement à protéger « ses manifestants » de la contagion des jeunes radicaux. Chaque fois qu’une vitrine d’agence bancaire vole en éclats, la classe dirigeante ne manque pas de faire l’éloge des manifestations de la CGTP - qui « se déroulent tranquillement et avec sens civique. » (23). Un mur a ainsi été bâti à la hâte entre un vieux monde syndical impuissant devant les défis du moment et cette jeunesse enragée contre un présent sans avenir. La fracture entre deux conceptions de lutte apparaît, au Portugal peut-être encore plus qu’ailleurs, et pour le moment en tout cas, comme une barrière générationnelle. Il faudra probablement un mouvement plus large pour briser cette séparation, ce qui ne semble pas d’actualité. Mais les surprises viennent souvent de là où on ne les attendait plus. Pour preuve, une déclaration du jeune centenaire et réalisateur, Manuel de Oliveira, annonçant sa décision de rejoindre - après un long intermezzo plutôt conservateur - le camp de la subversion, « L’argent a remplacé toutes les valeurs. Je pense qu’on devrait le supprimer, ainsi que les banques. Avez-vous remarqué que lorsque les choses sont gratuites, les gens ne prennent que ce dont ils ont besoin ? » (24).

L’anesthésie de l’aliénation marchande du système démocratique née de la révolution de 1974 (25) et le rôle joué par le syndicalisme bureaucratique et les partis dans la domestication des esprits expliquent certes, en partie, l’énigme de la résignation et de la passivité du peuple portugais face à l’attaque capitaliste qui menace l’existence même de pans entiers de la société. D’autres hypothèses diverses sont avancées. On a beau les suivre, les unes et les autres se révèlent à chaque fois incomplètes, insatisfaisantes. Le recours à l’Histoire, enfin, est une aide précieuse mais qui ne permet pas tout saisir. En remontant dans le temps, on soulignera, tout particulièrement, l’œuvre de la sinistre Inquisition médiévale, appareil répressif des esprits et des actes, qui a laissé des traces profondes dans les comportements de ces territoires. Il y eut ensuite, le XIXe siècle, avec sa succession de guerres civiles et de massacres, de régimes autocratiques. Une période de barbarie qui fut à peine interrompue par quelques foyers de révolte agraire, puis par la lumineuse émergence du socialisme où dominaient les idées fédéralistes anti-autoritaires et le courant anarcho-syndicaliste. Enfin, la révolution populaire de 1910 - instaurant une République qui révéla bientôt sa nature autoritaire - précéda de peu la longue nuit du régime fasciste salazariste qui façonnera toute une génération et nivellera toute résistance à un anti-fascisme à l’imaginaire social limité. Peurs, craintes, attitudes de soumission et de fatalité, respect sacré de l’autorité et de la hiérarchie traversent ainsi le temps, imprègnent les comportements. Et l’idée conformiste selon laquelle, il vaut mieux courber l’échine et baisser la tête pour survivre, est devenue une deuxième nature du peuple portugais (26) étouffant les aspirations libertaires qui avaient été partagées, un court laps de temps (27), avec les autres frères ibériques. Particulièrement vivace et apprécié par les classes dirigeantes est le sentiment autrefois inculqué par le Saint office, selon lequel « Le mal qui nous arrive est le fruit de nos fautes ». C’est pourquoi il faut expier ses pêchés. Le dernier en date, celui d’avoir cru à l’avenir radieux de la démocratie, aux sirènes de la consommation de masse. Ainsi, ceux qui n’ont pas résisté hier à l’aliénation marchande sont les mêmes qui répètent aujourd’hui les  réprobations de Gaspalazar & C°, « Nous avons vécu au-dessus de nos moyens. Nous devons payer. Nous devons souffrir. » Entre deux plateaux de fruits de mer frais, Monsieur Souto et Monsieur Jaeger acquiescent.
Faut-il s’y prendre autrement pour expliquer l’énigme ? Peut-être faut-il considérer qu’il n’y a pas une seule explication, que chacune de celles-ci ne contient qu’une partie de la réponse. Que seule la suite de l’histoire, faite par les hommes, permettra sa compréhension.

Lorsque, le 25 avril 2012, une manifestation de deux mille jeunes et moins jeunes, a à nouveau investi et occupé les lieux de l’école Alto da Fontinha, à Porto, quelque chose de nouveau et d’important s’est produit dans la société portugaise. Pour la première fois depuis des années, une manifestation d’individus consciemment concernés a rompu avec la passivité et la résignation, a rejeté les limites du légalisme, du possible et du raisonnable, pour affirmer un désir et revendiquer une nécessité : celle d’agir directement et de façon autonome pour construire un projet, pour rompre avec le pessimisme et la morbidité, pour affirmer un autre possible. « Le projet de Fontinha a crée une opportunité pour une pratique intégrale de la démocratie, refusant que notre sort soit laissé dans les mains du patron et de l’Etat, ou soit livré aux appétits des plus riches. » (28). En agissant au cours de ce jour particulier, les manifestants ont renoué le lien avec l’esprit révolutionnaire du passé, ses valeurs  égalitaires et anti-autoritaires. Tout aussi important, avec le sens pratique de l’idée d’occupation, cette action est en résonance avec les mouvements du présent, partout où se radicalise l’opposition aux effets de la crise. « Il y a autour de nous beaucoup de maisons vides. Et il y a aussi beaucoup de monde dans la précarité, dans la misère. On ne peut pas l’accepter. Cette passivité ne peut pas continuer. Il faut que les gens occupent les maisons » (29). Ce propos d’une jeune manifestante à Porto, fait écho à ceux des Occupy de New York et d’Oakland, à ceux des comités contre les expulsions à Madrid ou à Athènes.
Seuls  des actes et des événements entraînants vers une cause en devenir peuvent faire bouger les contours du possible. C’est par leur pouvoir de persuasion que la résignation portugaise sera niée, fissurée.

Charles Reeve,  Paris, 15 mai 2012

(1) En 1928, Salazar (Antonio de Oliveira), est nommé ministre des Finances dans le gouvernement issu du coup d’Etat militaire de 1926, qui remplace la 1ère République parlementaire par une dictature fasciste. De 1932 à 1968, Salazar restera à la tête de l’Etat.
(2) La « troïka » - les représentants de la Commission européenne, du FMI et de la Banque centrale européenne- contrôle l’utilisation des fonds et le versement des tranches de prêts, en fonction des mesures prises par les gouvernements locaux.
(3) Les fonctionnaires portugais étaient payés sur 14 mois (mois double en Juin et Décembre). Ces deux salaires supplémentaires étaient censés compenser la faiblesse des rémunérations et permettaient aux travailleurs de financer leurs vacances d’été et les fêtes de la fin de l’année. Les pensions de retraite suivaient le même principe.
(4) Le temps légal de vacances est réduit à 22 jours et 4 fériés nationaux sont supprimés.
(5) Selon jugement subjectif de l’entité patronale.
(6) Publico, 9 janvier 2012.
(7) « Desigualdade dos rendimentos em Portugal agravou-se desde os anos 80 », Publico 16 juin 2008. Une remarquable enquête journalistique sur l’enrichissement rapide de la classe politique portugaise, ses liens avec le capitalisme privé spéculatif, confirme cette tendance. Antonio Sergio Azenha, Como os politicos enriquecem em Portugal, Lua de papel, 2011.
(8) Rappelons que le taux d’échec scolaire est au Portugal un des plus élevés en Europe.
(9) « Declinio da population trava desenvolvimento no Alentejo », Publico, 16 juin, 2008.
(10) Publico, 20 mars 2012.
(11) Visao, 15 mars 2012.
(12) Publico, 25 avril 2012. En 2008, le coût horaire de la main-d’œuvre au Portugal était de 9,9 euros. Il était de 15,8 en Grèce, de 20,2 en Espagne et 33,2 en France.
(13) La suppression, en 2007, des aides sociales en Campanie (Région de Naples) a plongé dans la misère des centaines de milliers de personnes et jeté des enfants de 12 ,13 ans dans l’esclavage du travail au noir. « Naples, une enfance au travail », Cecile Allegra, Le Monde, 28 mars 2012.
(14) « Austérité et croissance : le coût de la douleur », Editorial, Le Monde, 22/23 avril 2012.
(15) « FMI a vigiar Portugal », Publico, 9 janvier 2012.
(16) Pour une approche du mouvement surréaliste portugais, Alfredo Fernandes, « Antonio José Forte ou la passion de la totalité », Un couteau entre les dents, Ab irato, 2007.
(17) Publico, 30 mars 2012.
(18) Miguel de Unamuno, Portugal Povo de suicidas, (1907), Letra Livre (2eme édition portugaise), 2008.
(19) On se réfère ici à la CGTP, la centrale liée au PCP, le deuxième syndicat national, l’UGT, étant une organisation pratiquement sans base. La dernière ministre du travail du précédent gouvernement socialiste de sinistre mémoire, était une bureaucrate de ce syndicat.
(20) Depuis, la CGTP s’est donné un nouveau chef, un homme formé dans le sérail du PCP, et dont le discours agressif cherche à compenser l’immobilisme de l’appareil.
(21) « Les Portugais ne veulent pas être comparés aux Grecs « tricheurs », Le Monde, 21 octobre, 2011.
(22) « Operarios ocupam gruas », Correio da Manha, 21 mars, 2012.
(23) « Ministro iliba CGTP dos incidentes no Chiado », Publico, 25 mars 2012.
(24) Libération, 12 octobre 2011.
(25) La normalisation de la révolution des Oeuillets et la conséquente intégration dans l’espace européen ont produit des ravages dans une société traditionnelle et isolée. Certains de ces aspects sont abordés dans La mémoire et le feu, Jorge Valadas, L’Insomniaque, Paris, 2006.
(26) Le Fado, qui avait exprimé, au début du XXème siècle, des sentiments de contestation populaire, s’est réduit, sous le salazarisme, à faire écho à cet état d’esprit apathique et larmoyant.
(27) Entre le début et les années trente du XXème siècle.
(28) José Neves, « O Poder da Fontinha », Journal i, 26 avril 2012. L’enjeu de ce petit événement étant en effet trop important pour la classe dirigeante portugaise, deux jours plus tard la police occupera à nouveau l’école. L’ensemble des infrastructures sera alors détruite.
(29) Journal de Noticias, 25 avril, 2012.


2 comentários:

Libertário disse...

Por mais que nos queixemos dos portugueses, ou seja de nós mesmos, e nos custe a entender o que faz dos portugueses, portugueses. De onde provém esta secular e estranha mistura de submissão, fatalismo e passividade - e neste campo nem sociólogos, antropólogos e outros que tais nos ajudaram a entender o modo de ser português -, o que é certo é que olhando para outros povos nossos contemporâneos: dos franceses, aos italianos, dos russos aos americanos, não me parece que o panorama seja radicalmente diferente...
Mesmo entre povos que se agitaram nos últimos anos dos gregos aos argentinos o que vemos é algumas minorias activamente inconformadas, quanta aos grandes rebanhos sociais estão domesticados por todo o lado. Até ao dia que se transmalhe.
Resta-nos esperar, ou militantemente lutar, para que esse dia não esteja longe!

o poste em causa é sobre? disse...

já o disse aqui várias vezes

ego sempre o ego...e textos de meio km

os 0:00 de permanência do leytor devem dar para ler o césar arinhio-