Sem tradução, em directo, notícias da primavera no Quebec.
Em Montréal, onde vive uma
grande e antiga comunidade lusitana, Vias
de Facto têm os seus cumplices…
1.
Eh bien, c'est super
chouette ce qui se passe.
Bien sûr, il y en a qui
paient le prix... violence policière, arrestations, amendes...
Le 22 mai, une
manifestation d'environ 200 000 personnes a eu lieu et elle était illégale. Elle
s'est divisée en trois manifestations qui se sont joint, à la fin, à la
manifestation syndicale qui elle avait
négocié son trajet avec la police (les assos nationales de droit- fecq et feuq-
sont restées avec les syndicats). Le slogan de la manif était « 100 jours
de grève,100 jours de mépris ». Seule le syndicat étudiant radical LA CLASSE a ouvertement invité
à défier la loi spéciale. D’ailleurs, tu peux aller sur le site nouveau de La Classe: « arrêtez-moi
quelqu'un! » les gens se prennent en photo, comme pour la police, et y
écrivent 'je désobéis'. C’est plutôt drôle...
Aussi drôle dans la manif
du 22 mai, des syndicalistes et le mouvement communautaire se sont retrouvés
dans les manifs illégales.... et heureux d'y être.... et même de scander: « On
est plus que cinquante! on est plus que cinquante! » - d’après la
nouvelle loi il faut annoncer le trajet quand on est plus de 50. On commence à
réfléchir à la Formule
49 dans le cadre de la Formule
1.
Puis, dans la nuit du 22
mai, une autre manif illégale a eu lieu en soirée jusqu'à 3 heures du mat. on
compte quelques arrestations.
Depuis quelques jours
(samedi le 22), il y a des manifestions de casseroles (en souvenir du Chili des
années 70- Pinochet). Cette reprise de type de protestation, ici contre la loi
78, est superbe, car elle est transformée dans le contexte québécois de 2012. Depuis
samedi, le 22 mai, à 8:00p.m. les gens sont invités à sortir sur leurs balcons
ou sur les trottoirs avec leurs casseroles. Le mot d'ordre est sur facebooke,
twitter, etc. : « A vos casseroles ! ». La population est
invitée à faire du bruit contre la loi spéciale qui interdit le manifester sans
annoncer l'itinéraire, etc.
Là où ça déborde, c'est
extraordinaire, car les gens (familles, enfants, grands-parents, etc.), de
plusieurs quartiers de Montréal et ailleurs dans d'autres villes, sortent à la
rue et se mettent à manifester de manière spontanée, dans la joie et le
bonheur, en faisant un bruit d'enfer! Créant eux-mêmes des manifestations
illégales. C’est rendu qu'on attend 8:00 p.m. pour faire du bruit et se mettre
en marche. Hier mercredi, des manifestations spontanées se sont rencontrées au
centre-ville et la police a arrêté 400 personnes (la ville de Québec a connu
une centaine d'arrestations). Mais la loi 78 n'est pas appliquée, ou très
partiellement (à part dans la ville de Sherbrooke - une trentaine
d'arrestations). C’est la loi municipale d'attroupement illégal qui s'applique
principalement. et personne ne comprend pourquoi, même si on défie la loi
spéciale, elle n'est pas appliquée. Est-ce que l'État attend de le faire une
fois qu'on reviendra en classe et tentera de lever les cours afin de faire
respecter le mandat de grève? Car c'est là que ça risque de faire réellement
mal....
Aujourd’hui, trois manifs
casseroles sont parties de trois points\quartiers différents et on parle
d'environ 10 000 personnes dans les rues qui cognent de la cuillère sur les
chaudrons. C’est la dérision pure. C’est génial. C’est l'euphorie. Il y en a
même un qui a décidé de faire rouler son barbeque dans la manif pendant que son
copain cognait dessus avec la spatule (bien sûr sans la bonbonne de gaz).
Bref, la population
s'amuse à ridiculiser le premier ministre du Québec, Jean Charret, qui a fait
voter cette loi. La population est en train de lui dire qu'elle ne la respecte
pas.
C’est du jamais vu! tout
le monde s'amuse à dire : « la loi spéciale, on s'en câlisse! » (on
s'en fout).
Les journalistes analystes
de la situation (le canal LCN avec Jean Lapierre, un sympathisant du parti au
pouvoir) parlent de crise d'autorité et disent que le mouvement étudiant, en ce
moment, a un réel rapport de force. C’est la première fois depuis le début de la GGI (grève générale illimitée)
que l'on parle en ces termes, surtout à la télé, dans un des canaux les plus à
droite. Ce n'est pas peu dire. il est même lancé comme idée trois solutions:
renégocier (Etat - Mouvement étudiant), déclencher des élections ou appliquer
la loi.
La ministre de l'éducation
veut renégocier, mais dit déjà ne pas vouloir discuter de la hausse des frais
de scolarité. La FECQ
(asso collégiale) veut se mettre à table et faire des compromis. la FEUQ (asso universitaire de
droite) veut également faire des compromis, mais parle de la hausse et exige
que LA CLASSE
y soit présente. LA CLASSE
( l'assé- asso progressiste) exige de parler de la hausse et revendique un gel
et la gratuité scolaire. Mais cette dernière n'a pas encore dit qu'elle voulait
se mettre à table avec la ministre.
Bref, ce qui est
intéressant ici est de constater que depuis que la population conteste la loi
spéciale, le gouvernement est obligé de relancer une invitation aux
négociations, même si le processus et la rencontre relèvent plutôt de l'ordre
du cosmétique!
Dans un autre ordre
d'idées, mais toujours en lien avec la grève, aujourd'hui est sorti de prison
un des quatre étudiant-e-s qui avait été arrêté pour un fumigène dans le métro.
On conait le copain. On les accuse de méfait (10 ans de prison) et de vouloir
faire craindre à un geste terroriste (5 ans de prison). Ils sont en liberté
conditionnelle avec une liste de conditions extrêmement sévères. Je n'en dirai
pas plus, car c'est un sujet délicat. Bien sûr nous on soutient la famille et
les quatre du métro.
2.
Ma participation aux
assemblées à titre de gréviste m'a fait comprendre une chose. Les diverses
générations d'étudiant-e-s en grève veulent un possible qui leur est
inaccessible. Les étudiant-e-s savent que peu d'avenues se présentent à eux (à
court terme) et luttent pour un droit de cité (semblable à celui des
générations d'avant). On veut un diplôme, un travail, un salaire, etc., et des services
sociaux. D’autres encore remettent en question cette idéologie. Associé à ces
désirs, il y a chez elles et eux un espoir incommensurable, voire rarissime et
un courage teinté de ludisme : pas peur de l'État ni des injonctions ni des
administrations ni de la police ni de perdre la session scolaire ni de devoir
recommencer. J’ai rarement vu cela. Il faut dire que cette réaction est
occasionnée aussi par une attitude autoritaire d'un gouvernement austère. Bref,
chaque fois que l'État réplique au mouvement, celui-ci lui répond, le
contourne et détourne l'action vers une résistance encore plus forte, ou tout
simplement plus engagée, consciente, organisée, inventive...
Je ne cherche pas à
idéaliser ce mouvement, car il est de prime à bord réformiste, faisant même
partie d'un agenda électoraliste, etc. mais il contient une poésie hors commun,
un soupçon de rêve, un désespoir refoulé ou un espoir assumé et combien
inspirant. Au-delà de l'affirmation suivant laquelle le mouvement n'implique
pas l'idée de révolution, il contient de minces bribes subversives. C’est ici
où je me situe. C’est ce que je cherche à comprendre afin de poser des gestes
dans cette direction suivant mes valeurs politiques (comme gréviste maintenant ou comme prof à l’automne).
J'ai fait quelques interventions en assemblée dont une en particulier en
rapport à la peur qu'a le mouvement syndical de faire une journée de grève
sociale.
Un professeur représentant le syndicat des profs universitaires (UQAM)
est venu parler en assemblée étudiante de l'appui au mouvement, mais que cela
excluait la grève. Je l'ai interpellé et posé l'hypothèse suivante: l'attitude
austère qu'a l'État à l'égard du mouvement étudiant est un terrain d'essai qui
vise à vérifier le niveau de solidarité communautaire, ouvrière, syndicale,
prolétarienne. ce que subit le mouvement étudiant en ce moment sera imposé aux
travailleuses et travailleurs lors des prochaines négociations des conventions
collectives prévues dans le secteur public pour 2015 environ. Aucune lutte isolée
ne peut gagner sa cause. La solidarité est plus que nécessaire. Cesser d'avoir
peur de perdre, peur d'être puni, peur de .... Constitue une des clés de la
mise en marche d'un nouveau mouvement social. C’est peut-être là où se situe la
contribution de la grève générale illimitée étudiante au mouvement social. Elle
défie les calendriers, les lois spéciales, les injonctions, l'anti-émeute, etc.
Certes mon hypothèse est limitée et qu'on peut en poser tout plein d'autres. Lorsque
je l'ai posée, ce fut dans la perspective d'interpeller le syndicat des profs
de l'université, parce que mon propre syndicat de profs au collège a peur des
représailles prévues dans la convention collective s'il fait grève sociale...
3.
Montréal, 25 mai
2012-05-25
x.x.x.